1917 : un chef-d’oeuvre qui fout les poils

1917 (2020)

1917 (2020) de Sam Mendes

Est-ce que je m’attendais à un bon film ? Réalisateur de « Skyfall », plan séquence… Oui, je m’y attendais. Mais je n’étais pas tout à fait prête à recevoir la claque concoctée par Sam Mendes.

« 1917 » suit 2 soldats envoyés de l’autre côté des tranchées pour stopper un assaut voué à l’échec. Une mission périlleuse sur le front ennemi filmée en 2 « faux » plans-séquences. On suit constamment les jeunes Schofield et Blake, caméra à l’épaule, plongés dans la boue, enfoncés sous terre.

On vit leur périple en temps réel. Rarement un film de guerre m’avait semblé si réaliste, si palpable. On entend les bombes tomber, nos oreilles siffler. On renifle l’odeur des corps putréfiés, des plaies suintantes. On sursaute au passage des rats gigantesques et affamés. On est aveuglé par la terre qui vole en éclats. La Première Guerre mondiale, si peu « glamour », nous apparaît dans toute sa laideur et insignifiance.

Les doutes des deux anti-héros, ni plus braves ni plus intelligents que les autres, font parfois place à la peur ou au courage. Ces soldats britanniques piégés dans une France livrée aux Allemands avancent tant bien que mal, en courant, en soufflant, en riant, en criant, se confrontant à la lassitude des hommes croisés sur leur route.

A quoi bon continuer ? Ce conflit aura-t-il une fin ? Pourquoi se bat-on ?

De l’horreur à la beauté…

Mais plus qu’une introspection intelligente sur l’absurdité de la guerre et des penchants auto-destructeurs de l’Homme, « 1917 » est un tour de force formel. L’enchaînement fluide des scènes, la photographie variée et juste, les mouvements de caméra qui ne vont pas trop loin dans la subjectivité… Les deux faux plans-séquences donnent une puissance folle au récit et offrent une immersion unique aux spectateurs.

Si l’on devait ne retenir qu’une scène du long-métrage, ce serait sans aucun doute le passage nocturne du protagoniste dans une ville en ruines où trainent çà-et-là des soldats allemands. Les fusées éclairantes qui s’élèvent dans le ciel provoquent une série d’ombres hypnotisantes. Cette course effrénée sur toile bleutée aux sublimes nuances d’orange nous dresse les poils des bras comme rarement dans une salle de cinéma.

Et puis il y a la traversée du champ de bataille, la galerie sous-terraine, le fleuve… Des plans à couper le souffle à côté desquels vous ne voulez pas passer. Car « 14-18 » n’est peut-être pas la thématique la plus sexy au monde, mais « 1917 » vous en met plein les yeux, entre horreur et beauté…

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