Portrait de la jeune fille en feu : tout ce qu’on aime

Qui aurait pu prédire que le film d’époque de Céline Sciamma serait aussi universel et moderne ? Son « Portrait de la jeune fille en feu » nous a ému, transporté, bouleversé. C’est tout ce qu’on aime voir au cinéma.

Céline Sciamma de retour à la réalisation

Après la « Naissance des pieuvres » en 2007, « Tomboy » en 2011 et « Bande de filles » en 2014, on attendait avec impatience le nouveau film de Céline Sciamma. Elle nous avait subjugué en 2015 avec son scénario du film d’animation « Ma Vie de Courgette » mais son talent derrière la caméra nous manquait.

La réalisatrice nous avait parlé d’une fille qui se sent garçon, d’ados qui découvrent leur sexualité, de la libération d’une fille de cité. Alors quand on a vu que son long-métrage serait un film d’époque, on s’est senti curieux. Et on n’a pas été déçu…

Une sublime histoire d’amour

En 1770, la jeune peintre Marianne (jouée par Noémie Merlant) débarque sur une île bretonne pour réaliser le portrait d’Héloïse (interprétée par Adèle Haenel). Son modèle refusant le mariage qui la promet au destinataire de l’œuvre, l’artiste devra dessiner de mémoire chaque soir, et en cachette…

Dès le générique, la beauté est au coeur du sujet. Des traits au fusain esquissant des visages. Un papier cartonné immaculé. Une musique harmonieuse. On est vite happé par les vents forts et les vagues violentes de Bretagne.

Le son très « silencieux », la sobriété du décor, le réalisme des costumes… On est totalement immergés dans un autre siècle mais on se glisse dans la peau des personnages avec facilité. L’indépendance et l’assurance de Marianne, la colère et la naïveté d’Héloïse, la curiosité et la force de la servante, Sophie (jouée par Luàna Bajrami) : tout nous parle.

Un film d’époque moderne

Car les sujets évoqués sont intemporels : l’amitié, les conventions sociales, l’amour pour l’autre et pour l’art, l’avortement… « Portrait de la jeune fille en feu » est assurément moderne dans sa façon de nous montrer le corps de la femme, aussi bien à travers un regard charnel que chirurgical. Le film évoque également la sororité, cette entraide que l’on croit rare mais qui existe pourtant et transcende parfois le désir. Des thèmes actuels qui font écho aux débats d’aujourd’hui sur l’IVG et sur l’égalité hommes-femmes. En cela, le personnage de Sophie est capitale et extrêmement touchant, même si c’est le duo Marianne-Héloïse qui nous touche droit au coeur.

Céline Sciamma nous offre de la beauté esthétique par le dessin, de la beauté cinématographique par ses plans, de la beauté humaine par son histoire. Le trio gagnant ! On irait presque en haut des falaises se balader avec ses protagonistes. On leur jetterait presque notre carte à jouer sur la table en riant à gorge déployée. On leur crierait presque de se retourner… Tant on est avec eux jusqu’au bout.

« Portrait de la jeune fille en feu » fait du bien aux yeux et à l’âme. Tout ce qu’on aime sur petit et grand écran en effet…

Au cinéma depuis le 18 septembre 2019

Prix du scénario au Festival de Cannes

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